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MERCREDI

13 JUILLET 2016

© RDC

Lusamba ne viendra pas à Namur

P.30

Il le savait depuis un petit

temps mais Jérôme Guery de-

vait tenir sa langue. Sa parti-

cipation aux Jeux Olym-

piques de Rio est devenue of-

ficielle ce mardi via les ins-

tances du COIB. «

C’est le rêve

de chaque sportif de concourir

lors d’une olympiade. Mais je

ne m’étais jamais fixé Rio

comme une échéance

», ex-

plique l’homme de 36 ans,

originaire de Wierde.

Pour Londres en 2012, Guery

n’avait pas le cheval adéquat.

«

Il y a deux ans encore, je ne

pensais pas aux Jeux avec mon

cheval Grand Cru. C’est seule-

ment l’année dernière, avec

l’arrivée du cheval prénommé

Papillon dans mon écurie que

l’on a pu rivaliser dans les

concours. Je suis impatient

d’être au Brésil mais je pense

aussi à la suite. L’avantage lors-

qu’on est cavalier, c’est que

l’âge influe moins vite sur les

performances.

On

devient

même meilleur avec l’expé-

rience. J’espère donc participer

à d’autres olympiades dans le

futur.

»

Sa relation avec l’équidé,

Guery l’a démarrée à l’âge de

dix ans, dans le manège di-

nantais Des Falizes. «

J’ai été

directement passionné avec

l’envie de connaître et maîtri-

ser cet animal. Je faisais des

stages, des entraînements et

quand j’avais du temps libre,

j’allais voir les chevaux.

»

Pourtant, personne dans sa

famille n’a de lien, de près ou

de loin, avec le monde de

l’équitation. «

C’est via notre

baby-sitter qui nous gardait le

mercredi après-midi que j’en

suis arrivé là. Elle allait au ma-

nège et elle nous emmenait.

»

Il convainc ses parents d’ob-

tenir son premier poney à

l’âge de 12 ans et son premier

cheval trois ans plus tard.

« Ma maman m’a beaucoup

soutenu et elle a pris goût à

l’équitation

.

Avec mon beau-père, dans son

écurie d’Assesse, ma passion a

pris une autre dimension.

»

Alors qu’il franchit le cap de

la majorité et termine sa rhé-

to, il décide de se lancer

comme cavalier profession-

nel. «

J’en avais parlé à mes pa-

rents. Je voulais essayer un an.

J’ai toujours adoré la compéti-

tion, c’est ce que je préfère. J’ai

fait ma première à l’âge de 11

ans avec les chevaux du manè-

ge. C’est ce qui me motive à

bosser plus dur.

»

PLUS FACILE QU’AVEC

CERTAINS HUMAINS

Il devient rapidement cham-

pion de Belgique junior en

travaillant en même temps

au sein d’une écurie profes-

sionnelle dans un haras (Les

Hayettes à Falaën).

« Je n’ai

plus jamais quitté le milieu. »

Aujourd’hui, Guery et sa

monture ne font plus qu’un.

«

On a un feeling particulier.

Une vraie relation. Sans que

l’on puisse communiquer par

la parole,

j’ai

l’impression

qu’il me comprend et de le

comprendre. Lorsque j’entre

dans l’écurie, c’est la même

chose. Le cheval sait que c’est

moi et c’est cela qui est magni-

fique dans ce sport. Je n’ima-

gine pas ma vie sans le cheval,

j’ai besoin de ce contact avec

l’animal. Pour moi, il est par-

fois plus facile de communi-

quer avec le cheval qu’avec

certains humains.

»

28e au ranking mondial dans

le dernier classement publié,

Guery visera la finale à Rio.

«

Tout est possible mais je me

sens capable de faire un bon

résultat. J’ai le potentiel pour

cela

. »

-

JÉRÔME NELLIS

Jérôme Guery est bien qualifié pour les Jeux grâce à sa victoire au concours de La Baule.

© dr

J

érôme Guery peut faire

des bonds. Dans un mois,

il sera à Rio, non par pour

des vacances mais bien

pour disputer ses premiers Jeux

Olympiques. Le natif de Wierde

montera Grand Cru Van de Ro-

zenberg avec de l’ambition.

Portrait.

Le cavalier a reçu la confirmation: il sera aux J.O.

ÉQUITATION

Jérôme Guery sans

obstacle vers Rio

Comment Jérôme Guery s’est-il

qualifié pour ces J.O.? Les cri-

tères de base fixés étaient de

terminer deux fois dans le top 5

d’un concours de quatre ou

cinq étoiles, peu importe la

monture.

Celui qui vit dans le Brabant

wallon actuellement a rempor-

té le concours cinq étoiles au

Grand Prix de La Baule (France)

en mai dernier.

Ce résultat et d’autres plus pe-

tites performances ont suffi au

COIB pour octroyer le sésame

au cavalier et à son cheval

Grand Cru Van de Rozenberg.

C'est pourtant son autre mon-

ture, Papillon Z, qui avait rem-

pli les critères de sélection. Sans

remettre en cause les qualités et

les performances de l’équidé, le

coach Dirk Demeersman a esti-

mé que Grand Cru serait un

choix plus judicieux pour cette

échéance. «

On a eu une discus-

sion ensemble. Papillon a 14 ans

et est un cheval qui se prépare

pour une compétition précise

d’un jour. Le long voyage et les

quatre jours d’épreuve dans un

climat chaud l’auraient fatigué.

Grand Cru est plus jeune et plus

adapté pour les Jeux.

»

Le cheval fera la traversée de

l’Atlantique le 7 août dans un

avion spécial. «

Je ne suis pas

stressé par ce trajet. Il a déjà

voyagé au Mexique par exemple.

J’ai un staff qui va s’occuper de

lui également à son arrivée à Rio.

Tout va bien se passer pour

lui

. »

-

La victoire au GP de La Baule

avec Papillon, Rio avec Grand Cru

Le choix du cheval

Le cheval prénommé Papillon ne sera pas du voyage.

© dr

L'équitation aux Jeux olympiques

est jugée dans trois disciplines

disputées à titre individuel, ou

par équipes : le saut d'obstacles,

le dressage, et le concours com-

plet. La Belgique n’est pas repré-

sentée dans le concours par

équipes. Guéry prendra part au

saut d’obstacles (appelé aussi

jumping). La deuxième place a

été attribuée à Nicola Philip-

paerts, qui participera avec Zil-

verstar T. «

J’ai toujours fait du

jumping et je ne me voyais pas

dans une autre branche. Il faut

savoir que le dressage, le jumping

ou le concours complet, ce sont des

sports totalement différents

comme par exemple le football et

le basket qui se jouent pourtant

avec un ballon tous les deux.

»

la compétition se déroulera du 14

au 19 août au centre national

d’équitation de Deodoro. «

Quatre

jours de compétition : trois tours et

on prend les 40 meilleurs couples

pour la finale

. »

-

Comment ça marche ?

Inscrit au saut

d’obstacles

« Sans que l’on

puisse

communiquer, j’ai

l’impression que

je comprends le

cheval »

Marié, père de deux enfants, Jé-

rôme Guery ne s’occupe pas

seulement de sa carrière.

Dans son manège de Sart-

Dames-Avelines (Villers-la-Ville),

l’élevage de chevaux est aussi

l’une de ses occupations tout

comme le coaching des cava-

liers. Il y travaille depuis 2007

dans un complexe et des écuries

qui peuvent accueillir plus de 25

chevaux. «

Je suis obligé de passer

par là pour que cela devienne ren-

table pour moi. Je n’ai pas de

sponsor ou une grosse fortune

derrière moi »,

commente celui

qui était à Aix-la-Chapelle, une

terre de chevaux, ce mardi, pour

une compétition.

ENTRE 500.000 ET 1 MILLION

D’EUROS POUR UN CHEVAL

La Belgique est l’un des

meilleurs pays au monde pour

l’élevage de chevaux capables de

briguer des médailles. Jérôme

Guery a déjà vendu des ani-

maux à un prix oscillant entre

500.000 et 1 million d’euros.

«

Cela n’arrive pas chaque se-

maine, je vous rassure. Cela prend

énormément de temps de prépa-

rer un cheval. Minimum cinq ans.

Et durant cette période, on a peut-

être dix montures et deux qui se-

ront bonnes au final

. »

La vente de Tic Tac il y a

quelques années a notamment

permis à notre interlocuteur de

développer son commerce et fa-

cilité sa carrière. «

Je ne suis pas

triste lorsqu’un cheval me quitte,

même si c’est de temps en temps

difficile sentimentalement. Je tra-

vaille sous forme de cycle, je sais

donc à quoi m’attendre en repar-

tant chaque fois à zéro. Cela fait

partie de mon fonctionnement.

Grâce à chaque cheval vendu, j’ai

pu faire une avancée dans ma vie

et financer mon rêve. Il n’est pas

rare de croiser mes anciens che-

vaux dans d’autres compétitions.

Tic Tac sera aux Jeux avec un An-

glais par exemple. »

Pour les J.O., l’argent n’entre pas

en ligne de compte. «

Il n’y a rien

à gagner mais c’est la plus grosse

compétition. Dans le concours au-

quel je participe en ce moment, le

prize money du vainqueur est

d’un million d’euros. Mais les

Jeux, c’est encore plus moti-

vant. »

-

Le commerce comme nécessité

Il forme des chevaux pour d’autres cavaliers

Jérôme Guery a également un rôle d’entraîneur

© belga