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17

ÉQUITATION

LA DERNIÈRE HEURE - LES SPORTS

I

JEUDI 11 FÉVRIER 2016

I

www.

dh

P

be

A

Perdu dans le fin fond du Lim-

bourg, le ranch des Philippaerts

est reconnaissable à sa grande

statue de cheval qui orne l’en-

trée du domaine. L’endroit est

idéal pour élever des chevaux de

compétition. Il possède de

grands espaces et tout le maté-

riel nécessaire pour garantir la

bonne évolution des équidés : de

larges écuries, des appareils per-

mettant de simuler des condi-

tions aquatiques et des pistes

parsemées d’obstacles pour l’en-

traînement. Les grands camions

à l’arrière sont en veille, parés à

toute éventualité de départ pour

la compétition.

AVEC DES CHEVEUX

un peu plus

foncés que ceux d’Olivier, Nicola

est facilement reconnaissable de

son frère jumeau. Nés le

30 juillet 1993, les fils aînés de

Ludo et de Véronique sont,

comme leurs parents, des pas-

sionnés de chevaux mais, sur-

tout, deux champions qui, pour

leur jeune âge, affichent déjà un

très large palmarès.

“Nous avons

un parcours assez similaire”

, ana-

lyse Nicola.

“Nous avons com-

mencé vers l’âge de 5 ans dans les

concours de poneys. Année après

année, nous sommes montés dans

les différentes catégories, en rem-

portant plusieurs compétitions.”

Concourant en individuel ou

par équipes, les deux frères ont

pu compter sur le soutien de

leur père, souvent considéré

comme le meilleur cavalier

belge de tous les temps.

“Il n’a ja-

mais dit qu’on devait absolument

monter”

, remarque à ce sujet Ni-

cola.

“Mais si nous souhaitions le

faire, tout était là pour qu’on le

fasse”

, poursuit Olivier.

Très à l’avance sur leur âge, les

jumeaux sont passés seniors à 17

ans. À 18 ans, ils arrêtent l’école

pour se concentrer exclusive-

ment au saut d’obstacle, un

choix réfléchi qui s’avère payant

au niveau des résultats.

Olivier devient en 2012 le plus

jeune cavalier à remporter le

Grand Prix de Calgary, le con-

cours à la plus grande dotation

au monde. Pendant ce temps, Ni-

cola excelle en s’adjugeant la

Su-

per League

.

LE DOMAINE PHILIPPAERTS,

c’est

près de 60 chevaux, entourés par

une vingtaine de personnes au

quotidien. Beaucoup de ces ani-

maux sont élevés pour être utili-

sés en compétition, les autres

sont destinés à la vente.

“Il faut

imaginer qu’on prépare notre

équipe de foot”

, explique Nicola.

“Le cheval, c’est 70 % du résultat,

mais les concours sont longs et

nous avons besoin que nos parte-

naires soient à 100 %”

, poursuit

Olivier.

“Maintenant”,

complète

Nicola,

“nos prix ne suffisent pas

pour assurer nos frais. Nous avons

donc besoin de la vente des che-

vaux pour pouvoir vivre de notre

passion.”

Derrière Nicola et Olivier, Thi-

bault, 14 ans, suit le même par-

cours que ses aînés. Pour An-

thony, par contre, 12 ans, les en-

vies sont plus éparses. Entre les

perches de son équipe de foot et

les barres de l’équitation, qu’il

saute déjà avec beaucoup

d’aisance, son choix n’est pas en-

core définitif.

“SUR LA PISTE,

c’est chacun pour soi”

Fort proches, les jumeaux

se connaissent mieux que personne

A

Très liés, les deux frères ont

tout fait ensemble : l’école, les

activités extrasportives, le saut

d’obstacles. Bref, ils se connais-

sent mieux que personne. In-

terviews croisées.

Olivier, en quelques mots,

comment décririez-vous votre

frère Nicola ?

Olivier :

“C’est quelqu’un qui a

une personnalité forte. Il est assez

social et sait ce qu’il veut dans la

vie, ce qui peut lui permettre d’al-

ler très loin.”

Même question pour vous

Nicola ?

Nicola :

“Il est aussi très social.

Mais son fort trait de caractère,

c’est qu’il souhaite toujours ga-

gner. Il affiche une très belle men-

talité et dit toujours ce qu’il

pense.”

Est-ce qu’il existe une

petite rivalité entre

vous ?

O :

“Bien sûr,

quand on est sur

une épreuve, on

veut tous les

deux la gagner. Mais si l’un de

nous est dans un mauvais jour, il

soutiendra l’autre pour qu’il aille

jusqu’au bout.”

N :

“Sur la piste, c’est chacun

pour soi. Mais dans les coulisses,

on forme une véritable équipe.”

O :

“Je me demande toujours si

c’est une

première

que deux frè-

res arrivent à un niveau aussi

haut que le fut celui de leur père.

En tout cas, ça nous a énormé-

ment rapprochés.”

Quels est la plus grande qualité

de votre frère et son plus gros

défaut ?

O :

“Il est très fort pour subir la

pression, et dans le milieu, c’est

quelque chose de très positif.

Maintenant, il peut vite être déçu

par de mauvais résultats. Il de-

vrait parfois prendre un peu de

recul vis-à-vis de ça.”

N :

“Olivier a une mentalité de

gagnant qui le pousse à aller tou-

jours plus loin. Mais parfois,

être trop motivé, ce n’est

pas si bien non plus.”

Si vous deviez

sélectionner un

moment qui serait votre

meilleur souvenir familial, quel

serait-il ?

N :

“Ce n’est pas une question

facile. Je crois bien que c’est lors-

que nous avons concouru à trois,

les deux frères et leur père, dans

la même équipe de quatre, à

Rome.”

O :

“C’est vrai que c’était un

bon moment. Mais pour moi, c’est

la fois où j’ai gagné à Calgary au

Canada, alors que papa partici-

pait à la compétition. Il a terminé

troisième.”

(rires)

Et ce n’était pas difficile pour

lui de se faire battre par son

fils ?

N :

“Ce qui est drôle, c’est qu’il

n’avait jamais remporté ce GP.

Mais je crois au contraire qu’il

était en pleine euphorie, telle-

ment fier de voir Olivier gagner.”

Enfin, quels sont les objectifs

que vous vous êtes fixés à

moyen terme ?

O :

“Pour ma part, c’est de me

qualifier pour la finale de la

Coupe du Monde à Göteborg.”

N :

“Moi, je suis déjà sûr d’y al-

ler, donc j’espère y faire bonne fi-

gure, d’autant que notre grand

sponsor sera présent sur cet évé-

nement.”

Chaque frère a son box et dispose de ses propres chevaux pour les concours.

©

DIDIER BAUWERAERTS

À VENIR

Olivier Philippaerts est toujours en lice pour participer aux Jeux

de Rio, même s’il l’admet lui-même, ce sera compliqué.

“Le fait

que nous ne soyons pas qualifiés par équipes amenuise mes chances

de m’y rendre. Maintenant, ça dépendra du niveau des chevaux

quelques mois avant la compétition et d’éventuelles blessures. J’en

saurai plus vers avril.”

Olivier est actuellement premier réserviste

pour participer à la Coupe du Monde à Göteborg. Ce tournoi

pourrait lui donner des chances supplémentaires d’aller au Brésil.

Mais, quoi qu’il en soit, ce sera à l’entraîneur fédéral, Dirk de

Meersman, de prendre la décision des deux noms qui devraient

représenter la Belgique en individuel. Si ce n’est pas pour cette

fois, ce sera pour la prochaine pour le jeune cavalier qui, pour

rappel, n’est âgé que de 22 ans.

Olivier, toujours en lice

pour les Jeux Olympiques

MEEUWEN

Pour pouvoir assu-

mer tous les frais, les frères vi-

vent notamment de la vente de

chevaux de compétition. Et, mi-

janvier, Olivier a été contraint

de vendre son meilleur cheval –

H&M Armstrong v/d Kapel Z

– à

des Qataris.

“Il est vrai que

c’était mon meilleur cheval, mais

c’est la vie…”

relativise Olivier

Philippaerts, conscient que la

vente peut avoir un impact né-

gatif sur ses résultats.

“Mainte-

nant, j’ai d’autres chevaux qui

sont un peu plus jeunes et qui

doivent encore s’aguerrir, mais

qui sont capables d’atteindre de

hautes performances.”

La vente d’un cheval à contrecœur